Centre Pompidou
La visite du Centre Pompidou relève toujours un caractère singulier dans mon exploration culturel parisienne. Il fait partie des rares musées où j'ai plaisir à retourner de temps à autre pour y admirer son exposition permanente, sans m'obliger à m'attarder sur les expositions temporaires.
Une fois arrivée sur la place Georges Pompidou, place qui se transforme en forum d'activités diverses y compris en ce mois de décembre bien froid, j'ai toujours un moment d'admiration pour le caractère singulier du bâtiment. Je me prends à rêver à transformer les tuyaux apparents de ma sale de bain pour les mettre autant en valeur que ceux que j'observe. Le forum du centre (intérieur cette fois) donne accès à de nombreux lieux où je ne suis jamais aller : cinéma, bibliothèque, autres lieux d'expositions, etc. Pour cette visite encore, j'ai décidé de me concentrer sur le 4ème étage, évitant allégrement les grandes expositions temporaires et l'ensemble des œuvres du 5ème. Pour aujourd'hui, je me concentrerai uniquement sur 3 salles.
Intelligence au travail
Je m'engouffre immédiatement à la galerie des arts graphiques pour une exposition temporaire "Apophénies, interruptions. Artistes et intelligences artificielles au travail" qui entre immédiatement en résonnance avec mon travail, certaines de mes lectures et nombreuses de mes préoccupations.
Je ne vais pas paraphraser ce que d'autres ont mieux écrit que moi, je ne donnerai que mon avis (qui n'a rien de révolutionnaire) : les IAGen (ChatGTP en premier lieu) représentent sans doute un progrès et amenant un fort effet Wouahou lors de la première utilisation, pour autant, tout spécialiste d'un domaine voie immédiatement les limites de l'outil (c'est peut-être pour cela que les consultants n'y voient rien). Je ne pense pas que l'on assiste à la même bulle que pour les NFT (tiens, il y avait d'ailleurs une exposition avec des NFT au centre pompidou il y a quelques mois de cela) car pour l'IAGen, il existe réellement des usages, des cas pratiques.
Une des œuvres de l'exposition présente un dialogue entre 3 IA différentes, passé le caractère artistique de l'installation, du choix des thématiques de dialogue et l'originalité de la programmation, l'observateur attentif aura vite fait de se rendre compte de la faiblesse et de la futilité de l'échange. Les autres installations m'auront moins intéressé, les questions autour du lien entre création artistique et intelligence artificielle ne m'impliquant moins
Deux articles sur l'IA Générative, il y en aurait tant d'autres :
- ChatGPT et la tronçonneuse par Marcello Vitali-Rosati
- Une bulle d'intelligence artificielle et de stupidité naturelle par Ploum
Il faut repartir à l'assaut du ciel
Changement de registre, changement d'ambiance, toujours raccord avec mes questionnements et l'actualité. N'est-ce pas le propre de l'art ? Deux expositions différentes dont je veux parler et que je relie à la thématique de la lutte : Chaosmose dans la Galerie ouest et une rencontre entre Pierre Bourdier et Paul Virilio à travers des images d'Algérie et des images de Bunker dans la salle 34.
Citons d'emblée une partie du fascicule de l'exposition Chaosmose : "Il s'agit d'une traversée des passions du 20ème siècle jusqu'à aujourd'hui, des luttes et des révoltes qui bouleversent le champ social. [...] il s'agit de proposer in fine d'autres histoires de l'art et du regard : d'autres espoirs"
La dissolution, l'espoir de la création du NFP, la lutte pour faire barrage à l'extrême droite auront été des évènements majeurs du début de l'été et la nomination du gouvernement Barnier le clou qui pourrait finir de casser les espoirs de nos luttes. C'est là que l'art prends importance, prends forme, donne espoir. Le musée permet de passer d'un tract de 1931 "Ne visitez pas l'exposition coloniale" (Signé, entre autre, par André Breton) à des photographies de l'Algérie Colonisée (Pierre Bourdieu). D'aller d'un texte de 1938 qui commence par "jamais la civilisation humaine n'a été menacée de tant de dangers qu'aujourd'hui" (André Breton) aux photographies de Bunker abandonnée du mur de l'atlantique (Paul Virilio).
Que dirons les visiteurs des musées dans 50, dans 100 ans de notre époque ? Regarderons ils des proto-IAGen discutés entre elles et si oui, y verront-ils les luttes du passée ?
Notons enfin l'œuvre intitulé "Le dernier musée", pour finir et reboucler avec mon amour de la façade du Centre Pompidou, en n'étant pas d'accord avec le titre : il y aura toujours de nouveaux lieux pour l'art moderne.